CHERVILLE (Marquis Gaspard de) . Les Quadrupèdes de la chasse . Le Gibier poil .
600,00 €Prix
Paris, J. Rothschild, éditeur, [1885], pet. in-8 (19 x 14 cm), percaline azur, bords biseautés. Au premier plat polychrome (noir, vert, marron) et or, scène de chasse à courre, tête de cerf, trompe, fusil, poire à poudre, gibier, carnier, etc. Au second plat, vignette dorée (trompe, poignard, canne, fouet), au dos tête de cerf et de lièvre, tr. rouges (Ch. Magnier, relieur), (6)-226 pp., catalogue éditeur de 4 pp., index ¦Édition illustrée de 30 eaux-fortes sur zinc en couleurs et de 74 dessins par Karl Bodmer. Description, moeurs, acclimatation, chasse. "M. de Cherville décerne ce volume aux véritables chasseurs, et il n'entend pas du tout prodiguer ce titre ; il le refuse catégoriquement "aux jolis messieurs, frais gantés et guêtres de molletières vernies, qu'un garde poste dans un carrefour où ils attendent patiemment, en consommant une demi-douzaine de londrès, que le lièvre, au retour, vienne au petit galop se prêter complaisamment à la perpétration de l'assassinat." Nous ne cherchons pas chicane au spirituel écrivain au sujet d'une définition. Nous trouvons tout naturel qu'un des plus fervents disciples de Saint-Hubert se montre jaloux de l'honneur d'une corporation dans laquelle il a depuis longtemps accompli son chef-d'oeuvre, et qu' il exige du postulant des garanties sérieuses, même avant de l'admettre comme simple apprenti. Mais nous n'hésitons pas un instant à nous séparer de M. de Cherville, s'il prétend que son ouvrage ne saurait offrir de l'intérêt que pour les gens du métier, c 'est-à-dire pour ceux qui, per montes et valles, sont capables de suivre la piste du gibier. Nous avons déjà eu le plaisir de le dire dans ce journal : quel que soit le sujet qu'il traite, M. de Cherville, par la grâce et l'élégance de son style, a toujo urs le don de faire une oeuvre que tout gourmet littéraire ne peut que trouver pleine de charmes. Les Quadrupèdes de la chasse ne rompent certainement pas avec la bonne tradition : les nombreux frères aînés n'auront eu rien à rougir du nouveau venu. L'ou vrage débute par quelques pages ex professo sur les chiens courants ; viennent ensuite trente chapitres, dont chacun est consacré à la description, aux moeurs, à l'acclimatation et à la chasse de l'un des quadrupèdes d'Europe vers lesquels l'homme a l'ha bitude de diriger le canon de son fusil. Aucune bête ne manque à cette revue ; toutes y figurent, depuis les plus communes, comme le lapin et le lièvre, jusqu'à celles qui sont un objet de curiosité, telles que l'auroch et le phoque. Le texte, imprimé avec grandsoin sur papier teinté est, en outre, agrémenté d'eaux-fortes et d'illustrations dues à la main de M. Karl Bodmer, l'habile artiste cynégétique. Tout cela constitue un volume de luxe, bien digne de figurer dans la magnifique collection qui doit le j our à la librairie Rothschild." (Journal d'agriculture pratique, vol. 1, 1886). Dans cette même collection en effet, on trouve les livres du comte de Montigny, Comment il faut choisir un cheval (PH 2/43) suivi de Comment il faut dresser un cheval (1885), ainsi que Le Cheval et son cavalier du comte de Lagondie, paru antérieurement mais réédité dans la même présentation, et Le Cheval de chasse en France par Paul Geruzez, illustré par l'auteur sous son pseudonyme de Crafty (1898). Ces volumes ont le même plat historié, ce qui en fait un plat de série, noir et or, de facture plus simple. Ceux des deux livres de Cherville (Le Gibier poil et Le Gibier plume), au contraire, sont de véritables plats historiés, non seulement spéciaux aux livres qu'ils illustrent, mais chacun d'une belle composition polychrome. Karl Bodmer (1809-1893), peintre et graveur lithographe, photographe d'origine suisse, est surtout connu pour avoir effectué, de 1832 à 1834, un voyage d'étude ethnographique auprès des Indiens d'Amérique du Nord, avec le prince Maximilien de Wied (publié en français sous le titre Voyage dans l'intérieur de l'Amérique du Nord pendant les années 1832-1834, A. Bertrand, 1840-1843, 3 vol. et un atlas de 80 planches par Charles Bodmer ; rééd. Taschen, 2001). Il en a rapporté une collection d'aquarelles d'un grand intérêt artistique et documentaire qui ont aussi été rééditées séparément (Les Indiens, Bibliothèque de l'image, 1996). Grâce à cette publication, il fut admis en 1841 à la Société de géo graphie. Il a travaillé pour la presse illustrée (La Chasse illustrée, Le Magasin pittoresque, L'Illustration, Le Monde illustré, de 1874 à 1893, La Vie moderne, Les Annales politiques et littéraires) et il a illustré quelques livres comme celui de Théophile Gautier, La Nature chez elle (A. Marc, 1870, in-fol.), les Oeuvres illustrées de Victor Hugo (page de titre de Quatrevingt-treize). Quant à la chasse, elle a encore de beaux jours devant elle, en dépit des prévisions pessimistes du Polybiblion de 1868. La célèbre revue Le Chasseur français est précisément créée en juillet 1885 à Saint-Étienne. Cet hebdomadaire, l'un des plus anciens de France, existe toujours. Devenu un classique, le livre de Cherville a été reproduit en fac-similé aux Éditions Lacour, en 2003. Nous avons déjà présenté de nombreux livres sur la chasse, mais cette paire est d'un format inhabituel. L'immense majorité des plats historiés se décline en in-8 (ou gr. in-8) et in-4 (ou gr. in-4). Les livres à plat historié de petit format sont fort rares dans l'ensemble d'une production qui se veut spectaculaire. On doit d'autant plus souligner la véritable réussite esthétique des deux volumes sur le gibier de chasse de Cherville.
SKU : 9501140