CLERC-RAMPAL (Georges).Trente siècles de guerre navale.
500,00 €Prix
Paris, Librairie Ch. Delagrave, [1911], gr. in-8 (29 x 20,5 cm), bradel percaline crème, plats biseautés. Premier plat polychrome barré du titre et strié de hachures dorées, orné de deux dessins de navires par HAFFNER, un vaisseau du XVIIème siècle (d'après le dessin de la Couronne, p. 131, texte p. 132) en haut et un cuirassé puissamment armé (d'après le dessin du dreadnought, p. 209) en bas. Second plat orné du logo à froid de l'éd. (un paon faisant la roue), dos polychrome orné en long de la silhouette d'un vaisseau d'époque Louis XIV vu par l'arrière (d'après la vignette p. 137 ou celle de la p. 233), tr. dorées, 238-(2) pp. ¦Édition originale illustrée de dessins in et h.-t. du peintre de marine Léon HAFFNER (1881-1972), dont c'est l'un des premiers livres illustrés. Pour conter l'histoire de la marine depuis la galère de Ramsès III jusqu'aux cuirassés et aux dreadnoughts de la veille de la Première guerre mondiale, l'auteur utilise la forme légère du roman, et même, ce qui est assez original, du roman de science-fiction ! En effet, sa narration est située dans le futur : "L'époque où se déroule l'action, l'année 1925, m'a permis avec une guerre hypothétique entre la Colombie et le Pérou de présenter les idées ayant cours actuellement dans les milieux maritimes et de discuter les caractéristiques des vaisseaux de demain", explique-t-il dans l'avertissement (la guerre colombo-péruvienne qu'il imagine ayant débuté le 21 décembre 1922, apprend-on p. 222). Mais dès le premier chapitre, la télévision est inventée par le héros physicien, l'ingénieur Heurtault, qui en présente le prototype devant l'Académie des sciences, en avril 1920. Cette "invention avait eu dans le public un retentissement plus grand que tous les autres travaux d'Heurtault (...) Sur une simple plaque de verre spécial apparaissait à volonté, au fur et à mesure de leur réalisation, les scènes les plus diverses en train de s'accomplir à des centaines ou des milliers de lieues de l'observateur. Les applications pratiques s'étaient de suite trouvées nombreuses, depuis l'appareil du petit format dont s'était doublé chaque téléphone jusqu'aux gigantesques écrans décorant le fronton des hôtels de journaux devant lesquels la foule pouvait, à toute heure, assister à l'événement sensationnel du jour". Mais voici qui est plus fort. Pour raconter l'histoire de la marine, et pour compléter l'érudition maritime du cousin Delhaye, Heurtault invente l'"Antévision", qui permet de visionner le passé ! Cet appareil, une télévision modifiée (dont le principe et le fonctionnement sont exposés au chap. 2), va puissamment aider à reconstituer l'histoire des marines de toutes les époques qui, dès lors, vont défiler devant les yeux du lecteur, s'appuyant sur les travaux historiques les plus autorisés, cités dans l'avertissement ("aucune date n'est citée à la légère et je n'ai pas pris avec l'Histoire plus de licence qu'avec l'Archéologie", précise l'auteur). Un ouvrage sérieusement documenté, comme on le voit, mais écrit selon un point de vue très différent de celui de Léon Berthaut (cf. PH 106) ou de Maurice Loir (cf. PH 159) ! Évidemment, le livre étant publié en 1911, la Première guerre mondiale y est inconnue, l'Antévision de l'auteur n'ayant pas permis de la visionner... Cette curiosité, inconnue de Versins et du Rayon SF, n'est pas répertoriée dans les histoires du roman d'anticipation (Bridenne, Van Herp, etc.). Elle est cependant citée dans Wadbled, Bulletin des amateurs d'anticipation 2 et 2 bis, p. 73, qui souligne l'originalité de l'Antévision, idée que reprendra Léon Daudet dans Les Bacchantes (1931), "roman dans lequel la découverte des "ondes du temps" permet de ranimer cinématographiquement le passé" (Versins, 224). Daudet aurait-il eu connaissance du livre antérieur de Clerc-Rampal ? Ex-praemio (12 juillet 191 4), collège de Saint-Germain-en-Laye.
SKU : 9500574