COMBES (Paul) . La Roselière .
500,00 €Prix
Paris, Paul Ducrocq, libraire-éditeur, [1886], in-8 (23,5 x 19 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat, noir et or, scène animalière et agreste : une grenouille perchée sur une barrière nargue un groupe de canards sortant dune mare, dautres grenouilles parmi des roseaux (en haut). Au second plat, rosace centrale et encadrement noir, au dos fer décoratif noir et or, tr. dorées (Paul Souze, graveur, Engel, relieur), (8)-241-(7) pp. ¦Édition originale illustrée de 100 dessins [en fait 87] de H. Coëylas, Habert Dys, Gelibert, Martin [Van Maële], L. Mouchot, H. Toussaint, gravures de F. Méaulle. « La Roselière est un récit dramatique, du plus vif intérêt, où sont mis en scène les faits et gestes des populations animales de nos rivières. Cet ouvrage se recommande par lexactitude des détails scientifiques, dont plusieurs sont généralement ignorés, et par le charme du style. Il présente un grand attrait aussi bien pour les tout jeunes enfants que pour les adolescents ; et les lecteurs plus âgés y trouveront des qualités littéraires et des renseignements de nature à les intéresser. »Le romancier polygraphe Paul Combes (1856-1909) se fait connaître en 1886 par une conférence à la salle du Boulevard des Capucines le 22 juin 1886, sur Les Douze travaux de M. Pasteur. La même année, il est recruté par léditeur Ducrocq, qui recherche des romanciers vulgarisateurs pour alimenter une nouvelle collection pédagogique pour la jeunesse, à la suite des succès des livres dÉmile Desbeaux (Le Jardin de Mademoiselle Jeanne, 1880 ; Les Pourquoi et Les Parce que de Mademoiselle Suzanne, 1881 et 1882, PH 32/605 à 607). Il sagissait décrire un récit de fiction sur un thème naturaliste et denvelopper un enseignement dans une narration didactique. Pour son premier essai, Paul Combes a choisi lunivers des mares et marais et de ses habitants, les grenouilles et les canards. Le Polybiblion explique : « Il se passe de bien terribles choses dans La Roselière, joli étang que toute une nation de grenouilles vient coloniser, afin déchapper aux becs des canards qui les déciment dans une pièce deau voisine. Mais la Roselière nest pas tant que cela une "eau promise" pour les émigrantes : elles y rencontrent des serpents, bientôt aussi les inévitables canards, dautres ennemis encore. Les grenouilles comptent parmi leurs alliés un hibou, des fourmis, quelques oiseaux même et surtout une loutre qui, en un jour de péril, les sauve à la fois des couleuvres et des palmipèdes voraces. Cest la lutte pour la vie. » La revue ajoute : « Nous ferons deux reproches à M. Paul Combes. Dabord il a donné aux principales héroïnes de son peuple de grenouilles des noms imités de la Batrachomyomachie : ce sera fatigant pour les enfants. De plus, à partir de la deux cent vingt-cinquième page, lauteur semble fatigué de sa dépense desprit, car il amène sur les bords de la Roselière, on ne sait guère pourquoi, un poète et une petite gardeuse de canards qui se font les yeux doux : piètre fin pour un ouvrage aussi bien conduit jusquà la page susdite. » Ces deux reproches nous semblent véniels. Il faut bien faire une fin, dit-on. Mais en effet, la revue a sans doute raison. Jusque-là, lauteur sen était tenu à animer son action strictement dans le monde animal, faisant parler ses personnages à palme et leurs antagonistes dans leur cadre naturel, auquel il aura peut-être voulu échapper in fine. Quant aux noms des batraciens, ils sont fort plaisants : Crambophage, Polyphone, Hypsiobas, Borborocète, Limnocharis, Physignathe, Hydromys, Craugaside, tout cela est bien amusant. Ces noms proviennent en effet du poème badin de La Batrachomyomachie ou le combat des rats et des grenouilles (Ladvocat, 1823), attribué à Homère, son troisième poème après LIliade et LOdyssée, parodie du premier. Le burlesque de cet ouvrage, dit Jules Berger, son traducteur français, « résulte de lopposition dun style élevé et dun sujet petit. Ce genre de burlesque est préférable à celui de Scarron qui consiste à faire parler à des héros et à des dieux un langage bas et grossier. Le caractère si distinct de la belle antiquité empreint dans tous les détails de la Batrachomyomachie, la richesse du style, la beauté des vers, la pureté et la simplicité de lexpression rendent ce poëme digne du nom dHomère » (préface de 1823, p. 10-11). Paul Combes publiera encore deux titres chez Ducrocq, La Montagne bleue (1887) et Le Secret du gouffre : aventures dun chasseur dinsectes (1888) avant de se tourner vers des livres dactualité : Le Mouvement africain en 1892 (1893), Guide pratique du colon et du soldat à Madagascar (1895, en collaboration) ou Cent ans de lutte. Les héros Boers : Prétorius, Kruger, Steijn, Joubert, Cronje, Botha, Ollivier, Dewet, Villebois-Mareuil, etc. (1901). Il écrit de nombreux articles de vulgarisation scientifique dans les revues, dont La Nature et collabore à La Science illustrée sous le pseudonyme de C. Paulon. Il y a publie un roman en feuilleton, Les Mines dor du Bas-Meudon (publié en volume chez Picard, 1903). En 1907-1910, il publie une série de quatre livres chez Aubanel à Avignon, Les Quatre livres de la femme : Le Livre de lépouse, Le Livre de la maîtresse de maison, Le Livre de la mère et Le Livre de léducatrice.Son fils Paul Combes (né en 1889) poursuit la carrière paternelle en publiant des livres pour la jeunesse et en menant parallèlement une activité dattaché au laboratoire de géologie du Muséum dhistoire naturelle. Très bel exemplaire au plat historié très original.
SKU : 9501266