CREMNITZ (Mme Blanche, dite Parrhisia) . La Petite impératrice .
600,00 €Prix
Paris, Société d'édition et de publications, Librairie Félix Juven, 1911, gr. in-8 (28 x 20 cm), percaline bronze, bords biseautés. Au premier plat, polychrome, fillette sautant à la corde entre une femme en crinoline verte (p. de titre) et un tambour de la Garde (p. 12). Second plat orné d'une vignette noire, titre noir au dos et fer à froid, tr. dorées, 240 pp. ¦Édition originale illustrée par Léonce BURRET de 59 dessins en noir et 8 pl. en couleurs. Histoire d'une petite fille sous le Second Empire. Ce roman constitue un intéressant témoignage sur cette période, probablement nourri de réminiscences autobiographiques de l'auteur (1848-1917), qui fut cette petite fille, nommée dans le récit Eugénie, 8 ans, assistant au défilé de la Garde, allant au cirque Napoléon (ou Impérial), écoutant le bagout du marchand de crayons, les métamorphoses de Paris, les spectacles de Pierrot, les boutiques et les grands magasins et notamment les marchands de jouets, la bourse aux timbres, l'Exposition universelle de 1867, le Salon de 186 9, etc. Le roman se conclut sur la défaite de 1870 et les paroles de son père : "notre Eugénie, en se corrigeant de ses défaut, nous est une preuve que la cruelle leçon infligée à notre Patrie portera ses fruits. Elle nous donne l'espoir que la génération qui se prépare, après avoir douloureusement constaté où nous ont amenés dix-huit années d'un règne insouciant et frivole, nous fournira des hommes et des femmes capables de travailler au relèvement de la France." La petite fille devenue Mme Cremnitz, en effet, a contribué à cette tâche, en se lançant dans des oeuvres philanthropiques et sociales. Mais elle n'a guère attiré jusqu'à présent l'attention des historiens qui se sont occupé de l'histoire du féminisme et des femmes romancières. Tantôt prénommée Blanche, tantôt Marguerite dans les livres et articles qui mentionnent ses activités, elle est l'épouse de l'imprimeur Max Cremnitz, et s'occupe surtout d'oeuvres en direction des femmes et de la petite enfance. Après avoir créé une première crèche privée avant 1894, elle fonde sur une plus grande échelle, en 1896, l'Oeuvre nouvelle des Crèches parisiennes, avenue Victor-Hugo dans le XVIe, association reconnue d'utilité publique. Pendant la Grande Guerre, elle ouvre à Nanterre le Refuge pour les mères et les enfants, qui bénéficie du soutien de l'accoucheur Erasme Bonnaire (1858-1918). "Sauver l'enfant pour la famille et pour le pays, telle est la devise de cette oeuvre toute laïque qui a pour président d'honneur M. Paul Strauss, pour présidente-fondatrice Mme Max-Cremnitz et pour secrétaire général M. Jacques Bertillon." Elle fit partie des féministes actives à la fin du XIXe siècle, collaboratrice de La Fronde de Marguerite Durand, sous le pseudonyme de Parrhisia (signifiant en grec "liberté de penser"), membre de l'Union fraternelle des femmes (UFF). Elle est fréquemment mentionnée dans les livres sur l'histoire des femmes et des mouvements féministes, comme Féminisme sous la Troisième République de Laurence Klejman et Florence Rochefort (1989), La Politique à l'égard de la petite enfance sous la IIIe République de Catherine Rollet (1990), Comment la franc-maçonnerie vint aux femmes de Gisèle et Yves Hivert-Messeca (1997), Maternité et droit des femmes en France : XIXe-XXe siècles d'Anne Cova (1997), Pour la famille, avec les familles, des associations se mobilisent, France, 1880-1950 de Virginie De Luca (2008), etc. Elle n'a pas encore fait l'objet d'une biographie, contrairement à Olympe Gevin-Cassal (cf. PH 17/332), qui s'occupait aussi d'oeuvres de puériculture et publiait des romans éducatifs chez Boivin. Comme elle, Mme Cremnitz se mit à écrire pour le même éditeur. Elle publia La Petite marquise, histoire de quatre enfants au XVIIIe siècle (1910, ill. Léonce Burret) et Histoire d'une petite fille d'il y a cent ans (Juven, 1909, ill. Léonce Burret, rééd. Boivin, 1936), "véritable catalogue des modes du premier Empire avec ses maréchaux somptueux aux femmes plus sobrement vêtues que leurs guerriers" dit Annette Vaillant (Le Pain polka, 1974), qui avoue l'avoir "lu et relu". Cette appréciation s'applique également à La Petite impératrice, qui en est la suite logique. D'ailleurs, l'auteur semble avoir eu pour projet d'écrire l'histoire des petites filles depuis deux siècles : Journal d'une petite Alsacienne (Boivin, 1917, ill. Félix Régamey), Journal d'une petite parisienne (idem), Charlotte et ses amis (Gedalge, 1927, ill. Mas), Une famille parisienne il y a cent ans (Gedalge, 1933, ill. de H. Thiriet). Ces derniers titres, posthumes en volumes, ont probablement paru du vivant de l'auteur dans divers périodiques. Existe aussi en rouge et en bleu. Bel exemplaire dans une couleur rare.
SKU : 9500856