DEPELCHIN (Fernand) . Les Forêts de la France .
450,00 €Prix
Tours, Alfred Mame et fils, éditeurs, 1886, gr. in-8 (30 x 22 cm), percaline châtaigne. Au premier plat, noir, vert et or, un chêne dans une clairière, biche et cerf assis à son pied. Au second plat, encadrement de motifs géométriques, au dos arbre en long dans le style du plat, tr. dorées, 400 pp. (A. Souze, graveur)¦Édition originale illustrée de 100 gravures par Alexandre de Bar, Émile Bayard, Karl Bodmer, G. Courbet, Yan Dargent, F. Depelchin, Foulquier, W. H. Freeman, P. Gervais, Karl Girardet, Ch. Gosselin, P. Kau ffmann, D. Lancelot, J. Lavée, Riou, Maurice Sand, H. Thiriat, gravées par Clément, Méaulle, Pannemaker, Piaud, Pouget, Sargent. L'ouvrage aura une deuxième édition en 1887. L'auteur dessine également plusieurs gravures de son livre. Il ne faut pas le confondre avec un homonyme qui fut secrétaire du duc d'Aumale entre 1873 et 1883. L'auteur "nous fait connaître les diverses situations forestières de la France depuis le moment où l'on a commencé à défricher les immenses forêts, dont la Gaule était couverte, jusqu'à nos jours. Il établit un parallèle entre les droits d'usage en matière forestière avant 1789 et ceux de notre époque. Il nous explique les causes du déboisement de la France ; nous initie à l'aménagement et à l'exploitation des forêts, nous écrit leurs populations et leurs ouvriers, nous montre leurs produits, consacre deux chapitres aux incendies des forêts, et finalement, lorsqu'il nous a parlé des arbres célèbres tels que le chêne de Saint-Louis dans la forêt de Vincennes, celui de la colline Sainte-Anne, près de Châtillon-sur-Seine, lequel est âgé de huit siècles, le Goliath, le Pharamond, le Majestueux de la forêt de Fontainebleau, il consacre quelques pages au charme des forêts, à l'impression qu'elles produisent sur l'homme" (Revue britann ique, 1885). "Les forêts constituent une des ressources les plus précieuses du patrimoine national, dit l'auteur, et, à ce titre, elles méritent qu'on leur donne une attention particulière. La destruction complète des forêts a été maintes fois le point de départ de la ruine irrémédiable d'un grand pays. Quand la forêt disparaît, souvent c'est le désert aride qui prend la place." "De siècle en siècle, il s'accumule dans les forêts des éléments de travail et de prospérité que l'homme peut ensuite exploiter sagement ou gaspiller follement. Mais l'histoire des peuples anciens ou modernes montre que la destruction des forêts suit à toutes les époques une marche progressive, et que la cause déterminante de cette destruction est presque toujours plus forte que l es lois établies pour l'empêcher." L'auteur fait l'histoire des forêts françaises : "Les forêts de la France n'ont pas échappé à ce triste sort. Les immenses futaies de l'ancienne Gaule sont maintenant réduites à des proportions assez modestes. Il semble cependant que, par une exception trop rare, l'expérience du passé ne sera pas tout à fait méconnue chez nous. Actuellement, une administration compétente veille à la conservation, sinon à l'accroissement, des forêts qui nous restent." L'ouvrage est devenu un classique sur le sujet, à ranger à côté de celui d'Eugène Muller, La Forêt (Ducrocq, 1878, PH 19/373), ce dernier plus général car abordant tous les types de forêts et sur tous les continents. Depelchin se limite à la France pour fournir un ouvrage de dimension raisonnable, qui se proposer de sensibiliser le lecteur à son sujet : "Pour parler à fond de tout ce qui concerne les forêts de la France, il faudrait plusieurs gros volumes. Notre travail est plus modeste et n'a pas les prétentions d'un traité sur la matière. Nous voudrions seulement qu'il parût suffisant pour faire comprendre toute l'importance et l'intérêt des questions si diverses d'histoire, d'histoire naturelle, d'économie politique, d'économie rurale, etc., qui se rattachent à l'étude ap profondie des forêts." "Il serait à désirer qu'on se rendît mieux compte, en général, du rôle important que jouent les forêts au point de vue de la prospérité ou de la décadence d'un pays. Il faudrait que tous les hommes intelligents fussent convaincus que les forêts doivent être ménagées." Ces propos sont plus que jamais d'actualité, quand on constate combien les forêts sont aujourd'hui menacées, partout dans le monde, de l'Amazonie à l'Indonésie. Des livres comme ceux de Muller ou de Depelchin appellent à une gestion responsable des ressources environnementales, et sont des précurseurs du mouvement écologique qui se développera dans la seconde moitié du XXe siècle, notamment à partir des livres de Rachel Carson, dont Printemps silencieux (1962). Les d eux chapitres que Depelchin consacre aux incendies de forêts (en Provence et dans les Landes) sont un autre sujet "brûlant", en France, chaque été. Un article de Vincent Clément, "Les feux de forêt en Méditerranée : un faux procès contre Nature" (L'Espace géographique, 2005/4) relativise le problème et le place dans une perspective comparée avec l'Italie, l'Espagne et le Portugal, qui ont aussi à souffrir du fléau, pour conclure que le phénomène résulte d'une interaction complexe de divers facteurs, en particulier anthropiques. Depelchin critiquait "la législation contre les incendiaires de 1870 et pointait du doigt l'écueil majeur que représente l'absence de toute valorisation économique de la forêt" : "La méthode véritablement curative consisterait à dév elopper rationnellement, à améliorer, à encourager la culture et les industries forestières dans la région des Maures et de l'Estérel [...]. C'est à ce prix et par ce moyen que les incendies ne seront plus à redouter." (Depelchin, 1886, p. 363, cité par Vi ncent Clément). L'ouvrage se conclut par un plaidoyer vibrant en faveur des forêts : "Mais comment ne pas aimer, comment ne pas admirer les grands bois ? Est-il rien de plus beau et de plus intéressant que la forêt ? Voyez-la aux diverses heures du jour, dans les diverses saisons de l'année : c'est un spectacle toujours changeant, toujours harmonieux, plein d'un charme mystérieux ou tout imprégné d'une indéniable grandeur. Quoi de plus ravissant que la forêt au printemps, avec les nuances si fraîches, si délicates et variées du feuillage qui pointe et des fleurs qui s'ouvrent ; avec le gazouillement si gai des oiseaux qui célèbrent à leur manière le réveil de la nature ! quoi de plus imposant, de plus merveilleusement décoratif que les grandes masses de feu illage d'une antique futaie, pendant l'été ou l'automne ! Quoi de plus majestueusement mélancolique que la forêt pendant l'hiver !" "Certes, la forêt est toujours belle, toujours intéressante pour qui sait regarder la nature. Les grands bois constituent s ans conteste le principal élément de la beauté pittoresque d'un pays. Comparez l'aspect d'une région où les grandes plaines s'étalent à perte de vue et celui d'une contrée suffisamment boisée. Il semble qu'on s'attache davantage à son pays, quand il est richement ombragé par de grands bois. Pline avait bien raison de dire que "les bois sont un des plus beaux présents que le Ciel ait fait à l'homme" (p. 396). Rousseurs. Belle couleur de percaline châtaigne appropriée au sujet.
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