DU CHAILLU (Paul). Un hiver en Laponie .
600,00 €Prix
Paris, Calmann Lévy, 1884, gr. in-8 (27,5 x 19,5 cm), percaline moutarde, bords biseautés. Premier plat orné d'une composition noir et dorée, d'après le dessin du Lapon descendant une colline sur des patins à neige (skis, ill. p. 60), les sommets des collines dorés avec le soleil caché à l'horizon. Second plat illustré d'une vignette en noir représentant un renne de profil (d'après le frontispice), dos orné d'une vignette en noir représentant une nialla (d'après l'ill. p. 194 et le texte p. 199), petite maison soutenue par une seule poutre au-dessus du sol utilisée pour conserver des provisions ou comme refuge, tr. dorées, (6)-520 pp. ¦Édition originale illustrée de vignettes in-texte et de 39 hors texte. Voyages d'hiver en Suède, en Norvège, en Laponie et dans la Finlande septentrionale. Cet ouvrage est le complément de Le Pays du soleil de minuit (1882, cf. PH 10/198) du même auteur chez le même éditeur. Ils forment un diptyque dont l'unité est renforcée par le fait que les motifs historiés du premier volume sont empruntés au second, le second plat et le dos étant les mêmes dans les deux cas. Les éléments historiés des plats proviennent en fait de l'iconographie de l'édition originale anglaise de 1881. L'histoire de la publication de cet ouvrage a été racontée par Michel Vaucaire dans Paul Du Chaillu, Gorilla Hunter (1930). En avril 1881, l'auteur qui a terminé son manuscrit, l'envoie simultanément à ses deux éditeurs, John Murray à Londres et Calmann Lévy à Paris. Il passe l'été à Paris et à Londres, pour négocier les détails de la publication et relire les épreuves, tout en menant des recherches dans les bibliothèques pour préparer son ouvrage suivant, The Viking Age. Les deux volumes de l'édition anglaise paraissent en octobre 1881 chez John Murray, à Londres, ce qui explique pourquoi et comment le premier volume de l'édition française, publié à la fin de 1881 avec la date de 1882 est orné de compositions provenant des gravures du deuxième volume, que Calmann Lévy publie deux ans après. En effet, le premier plat de Le Pays du soleil de minuit provient de l'iconographie de Un hiver en Laponie (ill. p. 117, "Descente d'une déclivité dangereuse"). Le thème des voyages en Laponie et dans les contrées scandinaves était devenu très à la mode à partir des années 1870, même si le voyage au cap Nord n'était pas encore la destination touristique qu'elle allait devenir par la suite. En 1877, le Jardin d'Acclimatation (dirigé par Geoffroy de Saint-Hilaire) organise une exposition sur la Laponie où sont exhibés des Lapons avec un troupeau de rennes qui remporte un énorme succès, participant à la diffusion de cet "imaginaire du Nord" dont la mythologie du Père Noël est un dérivé. Le nombre de livres consacrés aux Lapons augmente, après celui d'Albert Vandal, En karriole à travers la Suède et la Norvège (Plon, 1877), jusqu'au fameux livre de Remy de Gourmont, Chez les Lapons (1890), plusieurs fois réédité depuis 1990. Or, Gourmont n'a pas visité la Laponie : "sa seule expédition chez les Lapons, ce fut celle de la lecture", dit Éric Trudel dans sa préface à l'édition de 2006, citant les sources possibles de Gourmont, parmi lesquelles les deux livres de Paul Du Chaillu. Gourmont écrit, en introduction à son livre : "Il paraît que les exhibitions lapones que nous vîmes, ces dernières années, au Jardin d'Acclimatation ont tourné la tête aux Lapons. La nouvelle, de pâturage en pâturage et de hutte en hutte, s'est propagée, qu'on menait à Paris une vie très agréable : logement confortable, nourriture abondante, bon accueil, et beaucoup de petits sous pour les menus plaisirs, sans compter le Cirque et l'Hippodrome, l'enchantement des rues et le "soleil électrique" de minuit. Aux voyageurs qui s'aventurent parmi leur rude pays, plus d'un demande ingénument : "Emmenez-moi à Paris "." (cité par Trudel). En 1884, le prince Roland de Bonaparte ramène une riche collections de photographies de Laponie. En 1885, Jules de Guerne publie Un voyage en Laponie. Souvenirs d'une mission scientifique, suivi, en 1887, par le Voyage au Cap Nord et en Laponie par la Finlande de Pierre Frede et par Un touriste en Laponie d'Alfred Koechlin-Schwartz (1889), tandis que Charles Rabot avait publié son Exploration en Laponie 1883-1884 dans la revue Le Tour du monde en 1887. Pour un panorama des publications françaises sur la Laponie, on consultera : "De l'exotisme lapon à la réalité same. Une remontée française aux sources des langages premiers", par Jocelyne Fernandez (Études finno-ougriennes, tome 28, 1996). A l'état de neuf.
SKU : 9500079