GENNEVRAYE (Adèle). Théâtre de famille .
600,00 €Prix
Paris, J. Hetzel, [1882], in-8 (24,5 x 16,5 cm), percaline rouge. Au premier plat, noir et or, scène de théâtre, draperies latérales richement ornées, deux vignettes en haut (tambourin et partition à gauche, deux masques à droite), rideau d'avant-scène baissé, où s'inscrit le titre. Au second plat, encadrement de motifs géométriques noirs (arabesques et vignette au centre), caissons dorés au dos, tr. dorées (A. Lenègre, relieur), (4)-350-(2) pp., catalogue BD pour 1883, 8 pp. (H46) ¦Édition originale illustrée de 70 dessins par G EOFFROY, dont 22 hors-texte et un frontispice. De la Bibliothèque d'éducation et de récréation. Recueil de 22 scènes à jouer en famille avec une préface, elle-même en forme de scène. Le théâtre de salon, spécialité héritée du XVIIIe siècle, n'a pas ce ssé d'être pratiqué depuis, que ce soit pour les adultes (Charles Collé, Théâtre de société, 1768 ; Mme de Genlis, Théâtre de société, 1782 - voir Le Théâtre de société, un autre théâtre ? par Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval, 2003) ou dans le cadre d u théâtre enfantin et pour la jeunesse (dont la pionnière est aussi Mme de Genlis, Théâtre à l'usage des jeunes personnes, 1779 ; genre poursuivi par Mme Daniel, Nouveau théâtre à l'usage des jeunes personnes, 1845, nombreuses rééditions), une pratique à la fois éducative et récréative dont se firent ensuite porteurs le Magasin du même nom, édité par Jules Hetzel, et nombre d'autres périodiques pour la jeunesse. Un des plus illustres théâtres d'amateurs au XIXe siècle est celui monté à Nohant par Mau rice Sand (1823-1889), à partir de 1846. Les catalogues d'éditeurs théâtraux comportent une rubrique de pièces qu'il est possible de jouer chez soi, avec un matériel réduit, et il y a même des répertoires spécialisés consacrés à ce genre, rendus nécessair es par le développement de cette discipline dans les centres éducatifs, les écoles (représentations de fin d'année ou à l'occasion de fêtes et festivités diverses), centre de loisirs, colonies de vacances, etc. Ce recueil est un bel échantillon de ce genr e particulier. La préface dit : "Comment, avec presque rien du tout, on peut jouer partout la comédie". Sont évoqués, et résolus, en peu de mots le problème de la rampe, de décors, des costumes, de l'âge, de la distribution des rôles, qu'il faut juste savo ir par coeur, et du trac... Et surtout, "une répétition est une véritable récréation. On apprend à bien dire, à bien marcher, à se placer en scène, à savoir comment entrer et sortir ; seulement, il faut écouter les conseils du metteur en scène", ce sera la maman. Amusement garanti ! A. Gennevraye est un pseudonyme utilisé par Émilie Adèle Monden-Gennevraye (1803-1888, épouse de l'avocat Eugène Janvier, mort en 1852, puis de Louis Perrot), mais aussi par sa fille, Louise Janvier, vicomtesse Lepic (1827-1894 ), ce qui entraîne une certaine confusion dans leurs bibliographies respectives. Dans les années 1834-1836, Eugène et Adèle Janvier (cette dernière s'étant fait connaître comme poète) reçoivent dans leur salon la société parisienne, des journalistes, homme s politiques ou artistes, dont Liszt, tandis qu'Eugène milite en faveur du parti social de Lamartine. En 1836, Alexandre Dumas offre le premier manuscrit de Kean à Adèle. Après la mort de son second mari, Mme Perrot et sa fille, elle-même veuve (1868), fréquentent Gustave Flaubert, dont elles sont très amies, jusqu'à sa mort. Adèle Perrot aurait été recrutée comme documentaliste pour Bouvard et Pécuchet. Dans les années 1880, la mère et la fille écrivent pour Hetzel, sous le même nom. Claude Schopp, a uteur d'un article biographique sur Adèle Janvier (2007) propose d'attribuer le théâtre à la mère et les romans à sa fille, dont La Petite Louisette (1884). Ne pourrait-on pas supposer, avec quelque vraisemblance, une collaboration étroite entre les deux ? La signature "A. Gennevray" apparaît en effet dès 1864 dans la revue d'Hetzel (D. Compère, "Adèle Gennevraye", Le Rocambole n°68-69, 2014, pp. 127-128). De fait, Louise a manifestement pris le relais d'Adèle à la mort de celle-ci. Illustrateur de liv res pour enfants, Jean Geoffroy (1853-1924) a travaillé à la fois pour Hetzel, pour Delagrave et pour Hachette. Il illustre de nombreux Albums Stahl et des volumes de la Petite Bibliothèque blanche du premier, quelques titres de la Bibliothèque des Pe tits enfants du dernier, et des livres d'Eudoxie Dupuis, d'Ernest d'Hervilly chez Delagrave, pour qui il dessine Le Guignol des Champs-Élysées de Tavernier et Alexandre (1889, voir PH 30-**). Ce livre est un bon exemple de plat historié "thématique", d ans le sens où il a été utilisé une fois pour les Voyages au théâtre de Jules Verne (1881), puis légèrement adapté et modifié pour le présent titre. Très bel exemplaire, sans rousseurs.
SKU : 9500137