HERVILLY (Ernest d') . Seule à treize ans .
350,00 €Prix
Paris, Charavay, Mantoux, Martin, Librairie dÉducation de la jeunesse, [1893], in-8 (25 x 17 cm), percaline rouge. Au premier plat, polychrome et or, Marcelle et le chien Museau sur la péniche Le Miroir de justice tirée par le cheval Panaché et vue perspective de la rivière et de ses bords (ill. pp. 81, 95), dans une large vignette circulaire, sur fond de traînées nuageuses blanches et or. Second plat muet avec encadrement à froid, au dos polychrome, continuation du cercle de la vignette du premier plat et de la perspective de la rivière avec seconde péniche au loin, tr. dorées, 239-(1) pp. ¦Édition originale illustrée de 24 dessins par Paul Kauffmann (1849-1940), dont 10 à pleine page.Nous avons décrit, dans Le plat historié n°34 (juin 2016), plusieurs récits ayant pour héroïnes des jeunes filles ou jeunes femmes : LÉpave par Mathilde Colonna (1893, PH 34/643), Une cousine dAmérique par Louis Mainard (1891, PH 34/648, lui aussi illustré par Kauffmann), LEnfant de la falaise par Augusta Latouche (1909, PH 34/645), qui sajoutent aux livres de Hector Malot, Fernand Calmettes ou Paul dIvoi. À la fin du XIXe siècle, un véritable courant de romans daventures à personnages féminins se développe pour répondre à la demande de lectrices ou même de lecteurs.Ernest dHervilly (1839-1911) est un auteur éclectique, dont nous avons déjà présenté plusieurs livres, Les Chasseurs dédredons (Furne, Jouvet, 1896, PH 05/092), Les Bêtes à Paris (Launette, 1885, PH 29/550, A Cocagne ! (Lemerre, 1898, PH 30/570), Au bout du monde. Les Vacances de M. Talmouse (id., 1898, PH 31/591). Il a contribué à cette thématique en publiant ce roman dune jeune orpheline dans les milieux pittoresques de la batellerie : « Seule à treize ans, tel est le titre dun charmant ouvrage publié par lexquis conteur Ernest dHervilly ; nos fillettes voudront connaître les aventures de lhéroïne du livre pour lequel Kauffmann a dessiné de charmantes illustrations. Seule à treize ans est un petit chef-dœuvre de sensibilité et de douce morale. » (Revue bleue, 1893). Cest « lhistoire douloureuse à ses débuts dune jeune orpheline, laquelle histoire a servi de trame à M. E. dHervilly pour nous initier aux mœurs assez curieuses des bateliers du nord de la France. » (Polybiblion, 1893).Demblée, lauteur sadresse expressément à « Mademoiselle et chère lectrice », quil apostrophe régulièrement au cours de son récit. Il débute dans une auberge sise sur le chemin de halage du canal de Saint-Quentin, à Thun-les-Saules, localité imaginaire. Marcelle, douze ans, qui vient de perdre sa mère, est recueillie par laubergiste et bientôt emmenée par le marinier Hooght, propriétaire dune péniche faisant du transport de ferraille de Paris à Cambrai, et père de deux enfants quil a laissés à lauberge, où ils sont devenus amis de Marcelle. Le marinier va bientôt revenir chercher tout son monde, en redescendant vers lOise. Laubergiste a comme pensionnaire Debaëcker, un peintre qui vit à Dunkerque et passe ses journées à peindre dans les tourbières. Pétri de manies, acariâtre, il ne peut supporter la vue de faïences, les pots de moutarde ni le veau à ses repas. Lhistoire de Marcelle lintrigue. Arrivée avec sa mère il y a deux semaines à lauberge, sa mère est victime dune rupture danévrisme le lendemain. Le patron marinier prend Marcelle à son service comme petite maîtresse de classe non seulement pour ses deux jeunes enfants mais pour toute la famille, lui-même, sa femme et son aide le grand Ghislain, car aucun ne sait lire. Mais le grand Ghislain est jaloux de Marcelle et lincite par des arguments perfides à quitter la péniche une fois arrivé à La Villette. De retour à Dunkerque, le peintre apprend que la mère de Marcelle était liée à une de ses amies, professeur de piano, Mlle Frédéricïa, qui en raison dune dette quelle a contractée envers la mère de Marcelle, qui sappelait Edina et avait été abandonnée par son mari à Londres, se sent un devoir de recueillir Marcelle, alias Bertèle. Mais celle-ci a disparu dans Paris…La suite du récit nous présentera les grands-parents de Marcelle, de nationalité danoise, leurs efforts pour faire rechercher leur fille et son mari indigne, le destin tragique de ce dernier, associé à celui du grand Ghislain, qui a « mal tourné ».Lillustrateur Paul Kauffmann est un habitué des livres à plat historié. Dorigine alsacienne, il a publié, textes et dessins, Nos petits Alsaciens chez eux (Garnier, 1918, PH 20/383), après avoir illustré, trente ans auparavant, le livre de Paul Déroulède, Monsieur le Hulan et les trois couleurs (Lahure, Marpon et Flammarion, 1884, PH 20/381). Il fait partie des artistes œuvrant pour les publications populaires illustrées de la fin du XIXe siècle, que lon redécouvre avec admiration, après les avoir longtemps négligées, car leurs travaux nont longtemps pas été jugés dignes de figurer dans lhistoire de lart. Ses dessins rehaussent magnifiquement les aventures de la petite Marcelle, dont le plat historié est typique de la période polychrome de la fin du siècle, associant les couleurs et de fins rehauts dor, soulignant la structure de la péniche (mât, bastingage, proue, caissons, gaffe). On notera le lettrage du titre, formé de grosses lettres en relief, en parallélépipèdes irréguliers, soulignées de noir, très caractéristique également.La Librairie dÉducation de la jeunesse de Charavay, Mantoux, Martin a fait lobjet dun article dans notre Bulletin n°4, par Jean-Jacques Couderc, où celui-ci écrit, à juste titre, que les plaques polychromes de leurs cartonnages sont « toutes superbes ». Cest le cas de celle-ci. Ernest dHervilly a publié un autre livre chez cet éditeur, Trop grande (1890).Très bel exemplaire.
SKU : 9501307