KIPLING (Rudyard) . Le Livre de la Jungle, et Le Second livre de la Jungle .
950,00 €Prix
Paris, Librairie Delagrave, 1928 et 1927, 2 vol. gr. in-8 (28 x 23,5 cm), percaline bleu nuit. Premiers plats polychrome et or ; au tome I, Mowgli portant la dépouille du tigre Shere Khan suivi de deux loups du clan de Seeonee, sous la pleine lune (p. 79). Second plat muet, au dos, la panthère Bagheera à l'or (p. 11). Au tome 2, Bagheera sur une crête au soleil levant. Second plat muet, au dos silhouette d'un "dhole du Dekkan", courant (Chien rouge, p. 161), têtes dorées, (4)-176-(4) et 197-3) pp. ¦Édition illustrée par Roger Reboussin (1881-1965), peintre, graveur et dessinateur animalier. Exemplaires respectivement de 10e édition (tome I, 1928) et de 5e édition (tome II, 1927), dans la traduction classique de Louis Fabulet (1862-1933) et Robert d'Humières (1868-1915), d'abord publiée dans la Revue de Paris puis au Mercure de France en 1899. Premières parutions en 1913 et 1920. Réédités jusqu'en 1953 avec le même plat historié (mais aussi en demi-chagrin avec jaquette). En 1957 et 1958, de nouvelles illustrations sont demandées à Paul Durand (qui venait d'illustrer Kim, en 1956) lors d'une réédition à plat historié (en toile rouge). En 1968-1970, une seconde présentation est réalisée (toile blanche ou jaquette avec une nouvelle illustration). Le deuxième volume paraît en 1976 (cf. reproduction dans le Bulletin n° 19, pp. 28-29, IN 57 et IN 58). Depuis 1899, le Mercure de France est l'éditeur attitré de Kipling (1865-1936), comme de H. G. Wells. Mais très tôt Delagrave publie des éditions illustrées de ses oeuvres (Histoires comme ça, 1903, dessins par l'auteur). Vers 1930, Kim est illustré par Charles Fouqueray et H. Deluermoz se charge d'illustrer les deux Livres de la Jungle. Après sa mort, Delagrave publie une série d'éditions pour bibliophiles, illustrées de planches en couleurs par Guy Arnoux, Carlègle, P. Falké, Auguste Leroux, Georges Leroux, A.-E. Marty, Jacques Touchet. Kipling y conte la légende de la vie animale, "sorte d'épopée primitive reculée dans l'inexploré des formes inférieures de l'être où, au lieu d'être humanisées, les bêtes gardent leur réalité dans toute sa puissance, tandis que la loi de la Jungle prime les Codes humains" dit la Revue des Deux Mondes en 1921, commentant le second livre, dont la publication fut retardée par la guerre, "illustré par un artiste lettré, un habile animalier, maître de son art, qui a su suivre et interpréter le texte avec un tel bonheur d'expression qu'on aura plus de plaisir encore à lire, dans cette édition, l'aventure de Mowgli". La publication du premier livre en 1912 attire l'attention sur son illustrateur Roger Reboussin. Celui-ci, né à Sargé (Loir-et-Cher), était venu à Paris où il avait suivi de 1901 à 1908 les cours d'Hermann-Léon, de Jules Lefèvre et Robert Fleury. "Ce fut en 1907 qu'il exposa pour la première fois aux Artistes Français et y obtint une mention honorable. En 1912 et 1913 l'État fit l'acquisition de plusieurs de ses toiles ; c'est à cette époque qu'il fit la décoration du château de Contros (Cantal), propriété de Robert d'Humières et illustra les deux Livres de la Jungle de Rudyard Kipling, dont ce même R. d'Humières était le traducteur" (Nécrologie, L'Oiseau et la revue française d'ornithologie, 1964). Cette publication est saluée par Francis de Miomandre dans L'Art moderne (1913). "C'est toujours un idéal livre d'enfants. Mais on le connaît ; aussi ne parlerai-je que des illustrations que le peintre animalier M. Roger Reboussin a faites pour lui. Il les a semées dans le texte de la façon la plus libre et la plus séduisante. C'est tantôt la panthère qui s'étire, la queue au haut de la page tandis que sa patte nerveuse s'allonge jusqu'en bas : et l'on dirait qu'elle descend quelque pente avec cette merveilleuse souplesse qui équilibre ses mouvements les plus instables. Et tantôt c'est Matkah, le phoque nageant dans le Pacifique et on le voit seul, fusant pour ainsi dire, comme une torpille, dans l'étendue marine illimitée. Et la mangouste chassant le serpent le long d'un escalier. Son mouvement est tellement vite qu'on s'écarte, involontairement. Tous ces dessins, tous ces croquis représentent une expérience consommée de l'animal, une considérable étude. Chaque bête est en effet étudiée dans sa structure anatomique, et toujours dans un mouvement rare, indiscutablement juste, mais qui paraisse inattendu, qui saisisse. Et c'est l'ours, et ce sont les singes, et le tigre, et les éléphants, les loups, les phoques, les morses, la mangouste, l'oiseau tailleur et son admirable nid cousu dans une feuille, et le grand cobra, et l'immense python, et jusqu'à deux mantes religieuses prenant leur sauvage "attitude spectrale". Enfin c'est Mowgli, le petit d'homme, saisi dans sa mince structure de grenouille, nu et désarmé, confiant pourtant dans la puissance mystérieuse de sa destinée souveraine. A la page 55 [57], il y a un petit croquis qui est un vrai chef-d'oeuvre : c'est Mowgli endormi sur le dos de Bagheera qui le rapporte dans sa caverne. Il presse de ses longues et minces pattes d'insectes les flancs de la bête, cependant que sa tête, abandonnée mais toute pleine d'une sérénité royale, est retombée entre ses bras. Et de quelle puissante foulée Bagheera arpente le sol ! Et la belle arabesque que cela fait !... M. Roger Reboussin expose depuis longtemps aux Salons et parfois dans des galeries particulières. Et je savais son grand talent d'animalier. Mais une illustration comme celle-ci met en valeur d'une façon plus saisissante encore peut-être sa connaissance subtile de la vie des bêtes." Une exposition de ses oeuvres a été organisée au Musée de Vendôme en 1979. Roger Reboussin a illustré nombre d'autres livres animaliers classiques, comme Le Merveilleux voyage de Nils Olgerson de Selma Lagerlof et La Revanche du corbeau de Louis Pergaud (1924) ainsi que des traités d'ornithologie et des revues spécialisées. Deux exemplaires rutilants et à la polychromie explosant de fraîcheur.
SKU : 9501808