LE FAURE (Georges) . Les Robinsons lunaires .
900,00 €Prix
Paris, E. Dentu, 1893, gr. in-8 (28 x 20 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat, composition polychrome composite en cinq parties, signée José Roy, dans le coin supérieur gauche, cornue, forge, épée, bouteille, verre sur fond de vitrail surmonté du mot « Progrès », en haut à droite, dirigeable sur fond étoilé, en-dessous canon-locomotive et les mots « Nouvelles Aventures » en arc-de-cercle, au centre allégorie féminine tenant une branche de laurier, auréolée du mot « Futura », désignant du doigt le dirigeable, un éclair jaillissant de son index, une panthère (représentant la force sauvage domptée) et une faux à son côté, en bas canonnière et trois-mâts, sur fond de soleil rayonnant et de mer démontée battant une côte rocheuse (à gauche), titre vert sur réserve dorée en forme de parchemin stylisé. Au second plat, encadrements de filets noirs et vignette centrale frappée des initiales de léditeur et de la devise « Candidi ac tenaces », au dos polychrome, titre sur parchemin stylisé sur fond vert semé dancres et oriflamme tricolore, tr. dorées (Paul Souze, graveur, Charles Magnier et ses fils, relieurs), (8)-296-(4) pp. ¦Édition originale illustrée de 220 dessins de Fernand Fau, couvertures en couleurs de José Roy conservées, publiée dans la collection Nouvelles Aventures.Première publication dans Le Soleil du dimanche, 16 août-11 octobre 1891. Texte daté Onival-sur-Mer, juillet 1892.Un classique réédité en 1900 dans la collection des « Voyages scientifiques extraordinaire » n°8 et 9 (Fayard) et en 2012 par le Centre Rocambole.« Un jeune inventeur emmène involontairement son ancien professeur et ses jeunes élèves dans un appareil de son invention qui les conduit sur la Lune. L'expédition est aussi passionnante que dangereuse et son issue tout à fait surprenante », dit léditeur de 2012.Après son grand cycle, Aventures extraordinaires dun savant russe, écrit en collaboration avec Henry de Graffigny, Georges Le Faure revient à une destination romanesque très à la mode en cette fin de XIXe siècle, nous faisant visiter notre satellite, la Lune. Après avoir été approchée par Jules Verne dans De la Terre à la Lune (1865) puis Autour de la Lune (1870), elle fut « rapprochée » par André Laurie, au moyen dun aimant gigantesque dans Les Exilés de la Terre (Hetzel, 1888, PH 27/514). Georges Le Faure imagine de sy rendre de façon plus classique à laide dune nacelle portée par un dirigeable, le Gigas.« Dans ce roman d'aventures interlunaires, le morceau principal, l'engin de locomotion employé est un ballon fusiforme en aluminium, avec soufflet extensible en son milieu et un moteur à aspiration et refoulement du vide ! » souligne Henry de Graffigny, dans un article « Les Ballons dans la littérature » (LAérophile, février 1899).Arrivés sur la Lune, point besoin de masque ou de scaphandre (ni dans lespace interplanétaire, dailleurs, les passagers peuvent contempler le clair de lune de la dunette de leur navire aérien), contrairement à ce qui est imaginé dans le cycle précédent, où les compagnons du savant russe utilisent des « respirols » pour leur promenade lunaire.Les aventures lunaires des voyageurs sont de pure fantaisie, épiques et héroïques : il sagit dabord de récupérer la partie arrière de leur aérostat, qui a chuté dans un cratère lunaire. Layant récupérée, ils lutilisent comme chariot en lui adaptant des engrenages faisant office de roues, comme parachute à hydrogène ou comme tente devant laquelle ils allument un bon feu de bois ! Les voyageurs interplanétaires se transforment alors en « robinsons lunaires », campant au clair de Terre, explorant gaiement et scientifiquement notre satellite, en véritables « touristes lunaires ».Les comptes-rendus de lépoque goûtent fort cette fantaisie astronautique : « La navigation aérienne préoccupe beaucoup nos contemporains. Lon na pas encore trouvé le moyen de se diriger sûrement dans l'espace, et, cependant, certains auteurs hardis vous parlent de grands voyages à travers les plaines de lair et même bien au-delà, à peu près comme de bons bourgeois vous entretiendraient d'une promenade par eau de Paris à Saint-Cloud ou à Suresnes, voire à Saint-Germain. C'est le cas de M. G. Le Faure, qui, dans les Robinsons lunaires, raconte la merveilleuse ascension d'une sorte de navire aérien qui franchit tout simplement, sans grandes avaries, sauf à l'arrivage, les quatre-vingt quinze mille lieues qui séparent la terre de son satellite. Mais faites bien attention : tout cela ne s'est passé que dans le cerveau, sinon fêlé, du moins fortement chauffé par le champagne, d'un brave savant, le directeur de 1'« Institut cosmopolite », qui, le jour de sa fête, avait si bien sacrifié à Bacchus, qu'il s'était endormi le nez sur la table au milieu de bouteilles vides. Très amusante, absolument irréprochable et illustrée d'une façon aussi brillante que spirituelle, telle est cette fantaisie scientifico-romanesque, qui plaira universellement. » (Polybiblion, 1892).« Avec Les Robinsons lunaires, M. G. Le Faure nous transporte dans le domaine des airs, en s'inspirant des résultats quasi merveilleux auxquels sont parvenus déjà les Renard et les Krebs, dans le problème de la direction des ballons. La place nous manque ici pour décrire les mille péripéties, toutes plus intéressantes les unes que les autres, qui guettent les voyageurs célestes à chaque coin du ciel ; mais embarquez-vous dans la nacelle du Gigas avec M. Follavoine et son pensionnat, et partez pour la lune, la première station d'un voyage intersidéral qu'il est peut-être réservé à nos petits-fils d'effectuer au cours du vingtième siècle. Les illustrations (…) ont été confiées à Fernand Fau. Les Robinsons lunaires contiennent deux cents dessins, dont un grand nombre de planches hors texte gravées sur bois. Soutenu par les humoristiques compositions de Fau, ce récit n'est qu'un éclat de rire depuis la première jusqu'à la dernière page. C'est en même temps, nous le répétons, un ouvrage d'actualité où se trouvent consignés non seulement tous les progrès accomplis par les aéronautes dans l'art de la navigation aérienne, mais encore toutes les découvertes faites par les savants du monde entier dans la science astronomique. » (La Revue illustrée, 1892).Ce roman fit moins rire Henry de Graffigny qui, dans larticle précité, se montre assez sévère en général pour toute la littérature romanesque, aéronautique et scientifique de son temps, à commencer par Jules Verne !Sur le plan du rêve éveillé, la lecture de ce volume est aujourdhui une source détonnement et démerveillement, auxquels les superbes dessins de Fernand Fau contribuent notablement. Dans sa délicieuse reliure Art nouveau, hymne à la science et au progrès, il est aussi un témoignage dune ère révolue et dun style suranné que le mot « kitsch » qualifie parfaitement !Exemplaire superbe.
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