LEROUX (Gaston). Les Aventures extraordinaires de Joseph Rouletabille, reporter.
1 300,00 €Prix
Paris, Pierre Lafitte et Cie, éditeurs, 15 octobre 1908, gr. in-8 (28 x 20 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat, noir, or et polychrome, portrait de Rouletabille en costume de voyage à carreaux, coiffé d'une casquette, fumant une pipe, portant une canne et un pardessus vert sur le bras droit, une sacoche en bandoulière, un grand point d'interrogation à l'or en arrière-plan. Au second plat, vignette noire, au dos, point d'interrogation doré, tr. dorées (Engel, relieur), (4)-314-(2) pp. ¦Édition illustrée de 54 dessins par José Simont et Edouard Loewy [Loevy], dont 12 hors-texte de Simont (auteur du portrait-vignette en page de titre et du portrait pleine page du héros, p. 9), ainsi que deux plans (p. 52, 152).Lédition originale a paru en 13 livraisons comme supplément littéraire de LIllustration, avec les compositions hors-texte de J. Simont, du 7 septembre au 30 novembre 1907.Lédition originale en volume in-12 non illustré a paru chez Lafitte, le 15 janvier 1908, sous le titre Le Mystère de la chambre jaune. Ce roman, qui deviendra très vite un classique du roman policier, connaîtra de nombreuses rééditions jusquà nos jours.Selon Jean-Paul Colin, Gaston Leroux (1868-1927) appartient à la génération ayant fondé le « roman policier archaïque », avec Maurice Leblanc et le tandem Pierre Souvestre et Marcel Allain (Le Roman policier archaïque, 1984). Ces auteurs sont aussi appelés « Les Terribles » par Antoinette Peské et Pierre Marty dans leur étude Les Terribles (1951). Ils participent au renouvellement du genre, après lapparition de Sherlock Holmes en 1887 (imitation du Dupin de Poe), et contribuent à acclimater dans le roman français le personnage du détective enquêteur, lequel est de création plus ancienne, puisque imaginé dabord par des romanciers allemands entre 1820 et 1840, repris et sublimé par Edgar Poe (créateur de lenquêteur cérébral Auguste Dupin, le premier détective en fauteuil), et rendu à la vie civile par les feuilletonistes Wilkie Collins en Grande-Bretagne et Emile Gaboriau en France (créateur du policier enquêteur Lecoq). Cependant, Rouletabille (dabord baptisé Boitabille en 1907) nest pas un policier professionnel mais un jeune journaliste, donc un amateur. Gaston Leroux était lui-même journaliste et ce personnage du « journaliste enquêteur » lui doit ses lettres de noblesse, étant à lorigine dune nombreuse descendance de « jeunes détectives » et de journalistes fouineurs.Gaston Leroux a très tôt intéressé les chercheurs. Dès 1953, il est lobjet du premier numéro spécial de la revue Bizarre, publié par Eric Losfeld, qui éditera ensuite Midi-Minuit fantastique avec un dossier Leroux en 1970. Il aura une association à son nom (1978), fera lobjet dun numéro de la revue Europe en 1981, dune biographie dAlfu en 1998, et de nombreuses éditions pilotées par Francis Lacassin.Les deux premiers volumes du cycle de Rouletabille, Le Mystère de la chambre jaune et Le Parfum de la dame en noir, ont été réédités dans la collection Le Club du Livre policier en 1959, avec les hors-texte de José Simont et une intéressante présentation de cet illustrateur, où lon lit : « Les planches qui illustrent ce volume ont été tirées daprès les reproductions des dessins originaux accompagnant la première publication du Mystère de la Chambre jaune et du Parfum de la Dame en noir dans le supplément littéraire de lhebdomadaire bien connu mais malheureusement disparu aujourdhui : LIllustration. Ces deux romans y furent respectivement présentés, le premier en 1907, le second en 1908. Lauteur de ces dessins, José Simont Guillen est né le 30 septembre 1875 à Barcelone. Sil est de naissance espagnole, il est français de cœur et parle couramment notre langue. Il a vécu trente-huit années dans notre pays et fut attaché pendant très longtemps à LIllustration où il donnait chaque semaine de remarquables dessins illustrant généralement des scènes dactualité. Ces dessins étaient particulièrement appréciés pour la sûreté de leur exécution et lexactitude de leurs détails, qualités précieuses à une époque où le « flash » des reporters était encore dun emploi très limité et où les cameras, par leur encombrement et leur manque de possibilités, ne pouvaient pas toujours enregistrer « sur le vif » les événements de la semaine. Le crayon du maître Simont suppléait alors brillamment à cette carence. Il collabora à LIllustration de 1901 à 1945, alors quau début cette revue ne lavait engagé par contrat que pour une durée de trois ans ! Il travailla en outre à Paris pour les Editions Hachette et pour plusieurs autres périodiques dalors, tels que Le Monde illustré et La Femme et le Monde. Ses longs séjours à létranger et aux Etats-Unis lont classé parmi les meilleurs illustrateurs internationaux. Lorsquen 1914 la guerre éclata, léditeur de la revue américaine Town and Country lui offrit, à Paris, un important contrat pour une série de dessins sur les activités du grand monde de la Politique et de la Haute Finance, de New-York, Chicago, Saint-Louis, etc., contrat quil ne voulut pas accepter, restant aux ordres des éditeurs de LIllustration. IL passa toute la dernière guerre à Lyon où il noua de solides amitiés. Sa collaboration sétendit aux pages de lIllustrated London News et de la Berliner Illustriete Zeitung. José Simont, après avoir peint le tableau de la Conférence de la Paix, dont la reproduction fut diffusée dans le monde entier, fut nommé Chevalier de la Légion dHonneur par le gouvernement français. Sur les instances de sa famille, Simont regagna lEspagne en 1947, mais ses trois enfants, mariés et résidant maintenant en Amérique, sont tous nés à Paris. Simont vit actuellement à Barcelone où il travaille encore, toujours avec le même brio. Il y a exécuté surtout des portraits et a aussi traité des sujets divers. Deux expositions de ses œuvres eurent lieu à Barcelone. Il y présenta une série de compositions sur la saison dOpéra au Grand Théâtre « Liceo » et plusieurs scènes de plages estivales, marines, pêcheurs, etc. A Madrid il a participé à la première exposition de lAssociation des Dessinateurs Espagnols où lui fut décerné le premier prix. Simont a conservé en France de nombreuses amitiés dans le monde de la presse et de lédition. Tous ceux qui lont connu ont gardé de lui le plus sympathique souvenir et ont apprécié ses qualités de probe et consciencieux artiste ».Cet artiste a été étudié en 2002, en Catalogne, par Glòria Escala i Romeu : El dibuixant Josep Simont i Guillén (1875-1968), reporter gràfic de la I Guerra Mundial: un dibuixant d'actualitats a l'època de la naixent de la fotografia de reportatge (Barcelone, R. Dalmau, 2002).Les cartonnages « policiers » sont peu nombreux. Nous avons déjà décrit Les Premiers exploits de Sherlock Holmes de Conan Doyle (Juven, 1909, PH 2/33) et les Mémoires de Poum, chien de police de Goron (Flammarion, 1913, PH 18/349). Nous pouvons ajouter aussi Le Coffre-fort vivant de Frédéric Mauzens (1907) et certains titres de Paul dIvoi mettant en scène des policiers (voir PH 12/237).Enfin, notons lune des premières apparitions du motif du point dinterrogation en couverture dun roman policier, qui sera repris par la suite, notamment par Ferenczi, créateur dune des premières collections du genre, « Le Roman policier ». Dans les années 30, Hachette a créé la collection « Le Point dinterrogation ».Ouvrage très recherché.Bel exemplaire.
SKU : 9501347