LIVRE D'OR DE LA JEUNESSE (Le).
400,00 €Prix
Paris, Journal des mères, [1881], gr. in-8 (32,5 x 24 cm), percaline bleu roi. Décor doré au premier plat reprenant celui de la page de titre dessiné par MES (un groupe d'enfants jouant à divers jeux d'extérieur, cerf-volant, ballon, balançoire, cueillette, cerceau, lecture), dans un cadre de vignes en espalier, le tout dans un second cadre géométrique avec des fers d'angle. Second plat avec le même encadrement géométrique et une vignette centrale dorée représentant deux personnages féminins dans un cadre floral, titre doré en long sur le dos, tr. dorées (Paul Souze, graveur, d'après Mès et Geoffray, illustrateur et graveur), (8)-212-(8) pp. et 6 pp. d'annonces. (H10) ¦Édition illustrée de 64 gravures in et hors texte et 3 chromolithographies. Il ne faut pas confondre ce livre avec celui du même titre, écrit par Charles Richomme et publié par la Veuve Janet en 1843, comprenant douze gravures imprimées à deux teintes et un frontispice colorié (Quérard). Le nôtre a été offert en prime aux abonnés du Journal des mères, comme "témoignage de la pro fonde sympathie que la Direction du Journal porte à ses nombreuses lectrices". C'est une anthologie de pages dédiées au jeune âge, réparties en trois sections : Les Bébés (24 textes, les plaisirs de l'enfance, la tendresse des mères, les jouets d'enfants, les terreurs de l'enfance, etc.). Les Enfants (30 textes, les délices de la nature, les tendresses d'un père, les plaisirs défendus, les voyages célèbres, les jeux des petits polissons de Paris, les plaisirs de la promenade, le patriotisme naissant, la ch arité chrétienne, etc.). La Jeunesse (24 textes, les études sérieuses, les plaisirs des vacances, sciences naturelles, souvenirs de Bretagne, les regrets de la patrie, l'Alsace, vertu et patriotisme, etc.). Ces poèmes, courts récits, nouvelles, articles va riés sont destinés à la lecture en famille ou individuelle. On voit sur le plat l'exemple d'une lecture à deux, une mère (peut-être une grande soeur) lisant un livre à une petite fille - le thème de la lecture (et de l'écriture) étant un leitmotiv du livre (La leçon de lecture, p. 14, p. 32 ; Ah ! grand-père, je sais lire, p. 138 ; la bibliothèque du grand-papa, p. 139 ; une composition en écriture, p. 177), avec le jeu, les contes, la fête de Noël, l'étude, les animaux (y compris "Les Kanguroos", p. 182), mais aussi, on le voit l'initiation au patriotisme (p. 116, 188, 206). Les auteurs de ces récits sont peu connus pour la plupart, à l'exception de Victor Hugo, André Theuriet, Dumas fils, Paul Déroulède et E. Legouvé dont on reproduit quelques pièces. Les auteurs les plus présents au sommaire sont Paul Morel et de Liechty, puis Jules Francoeur et Oscar de Poli. Il est probable que ces textes proviennent, au moins en partie du Journal des mères (éditeur de cette anthologie), lancé en 1873 sous le titre Journal des jeunes mères et de leurs bébés par Henri Bellaire. Celui-ci (né vers 1848), "publiciste" marqué par la Commune, soucieux d'éducation populaire, était secrétaire général de la Société des amis de la paix (1871) et rédacteur au journal La Press e. Il a créé la "Bibliothèque Franklin", collection de petites brochures à 30 centimes destinées à répandre l'instruction sociale, historique, économique et civique : "La production républicaine culmine en 1872 avec l'apparition de trois autres collection s : la Bibliothèque Franklin dont l'éditeur, Henry Bellaire, publie après Emmanuel Vauchez la Bibliothèque à trois sous" (Isabelle Olivero, "Les propagandes catholiques et républicaines dans la librairie au début de la IIIe République", Le Commerce de la librairie en France au XIXe siècle, 1997, p. 246). "Il faut être reconnaissant à ceux qui travaillent à instruire le peuple. L'éditeur de la Bibliothèque Franklin, M. Bellaire, a entrepris de faire pénétrer dans les masses un certain nombre d'idées justes et de notions exactes. Ses petits livres ont fait leur chemin par les villes et par les campagnes : ils ont dû détruire plus d'un préjugé, guérir plus d'un malade d'esprit, adoucir quelques coeurs aigris, apaiser quelques sourdes révoltes, ranimer d ans quelques-uns la flamme à demi éteinte des vertus domestiques" (Revue bleue, 1873). Pour cela, il lança divers Almanachs : L'Almanach Franklin ou vade-mecum du bon citoyen pour 1874, L'Almanach véridique, patriotique et anecdotique des campagnes, L'Almanach des jeunes mères et des nourrices, L'Almanach de la Paix. "L'almanach prépare naturellement et appelle le journal. Le Journal des jeunes mères et de leurs bébés, éducation de l'enfant par sa mère, n'a pas tardé à paraître. C'est aussi la librairie Franklin et M. H. Bellaire qui l'ont entrepris. Ici le champ s'élargit. Il faut plaire en instruisant, amuser l'enfant par des images, intéresser la mère par des récits. Il faut parler aux femmes de la maternité, de son hygiène, de ses devoirs. I l faut répandre des idées exactes sur la loi de l'état civil, souvent mal comprise et négligée dans les campagnes : M. Passy met à la portée de tous les formalités de la déclaration de naissance. Il faut s'occuper des jouets de l'enfant autant que de sa pr emière soupe. Les mères ont tant à apprendre ! Il faut, dès le premier jour, songer à l'éducation morale, enseigner le respect de l'enfant, les moyens de prendre autorité sur lui par l'amour et l'exemple. Tantôt c'est un médecin, tantôt c'est un juriste, t antôt une mère expérimentée ou un moraliste qui prennent la parole devant cette assemblée de jeunes épouses qui espèrent d'être bientôt mères, ou qui rêvent déjà de faire de leur enfant une noble femme ou un homme distingué." (Revue de Belgique, 1874). Ce faisant, Bellaire agit en véritable précurseur : "les titres plus particulièrement destinés aux mères de familles, comme Le Journal des jeunes mères et de leurs bébés, paru entre 1873 et 1893, se multiplient seulement à partir des années 1880" (Jean-N oël Luc, L'invention du jeune enfant au XIXe siècle: de la salle d'asile à la maternelle, 1997). "Ces journaux répondent à un véritable besoin" dit le Bulletin général de thérapeutique médicale (1873). De fait, Le Journal des jeunes mères est accueil li avec faveur par les milieux tant éducatifs, économiques que médicaux. Cette "publication utile", écrit le très sérieux Journal des économistes (1874), "répondait si bien à un besoin social, que son succès a été assuré dès les premiers numéros. Puisse ce succès s'affirmer de plus en plus, car la propagande à laquelle il est consacré a pour but élevé la conservation et l'amélioration d'un capital bien gaspillé encore de nos jours : la vie humaine". "Cette revue a pour directeur scientifique le médecin S. -E. Maurin qui est aussi le président de la société protectrice de l'enfance de Marseille. Son directeur littéraire est Henry Bellaire, secrétaire général de la Société nationale des amis de l'enfance dont la revue est l'organe national" dit N. Edelman ("L ucie Grange, prophète ou messie ?" Politica Hermetica n° 20 ; le Dr Maurin signe un texte du Livre d'or). Bellaire décède en 1879, à 31 ans. Son oeuvre se poursuit sous la direction d'une certaine mademoiselle Anna Eyre, qui prend la direction du jour nal en novembre 1880. Son titre change et devient le Journal des mères. Qui est Anna Eyre dont on trouve deux textes dans le présent Livre d'or ? (pp. 23 et 56). Une jeune fille, ancienne cantatrice, à laquelle Villiers de l'Isle-Adam a été fiancé en A ngleterre en 1873-74, et qui lui servit de modèle pour le personnage d'Alicia Clary, L'Eve future ! (Villiers de l'Isle-Adam, 1838-1889, BHVP, 1989 ; Bornecque, Villiers de L'Isle-Adam, créateur et visionnaire, 1974 ; Raitt, Villiers de l'Isle-Adam, exorciste du réel, 1987).
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