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SEMANT (Paul de). Le Lac d'or du docteur Sarbacane.

SEMANT (Paul de). Le Lac d'or du docteur Sarbacane.

SKU : 9500615
1 200,00 €Prix
Paris, Ernest Flammarion, [1900], in-4 (32 x 25 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat polychrome et or, le docteur Sarbacane et le capitaine Roger de Maindragues contemplent avec stupeur une éruption aurifère, formant un lac d'or au pied d'un volcan parcouru de crevasses d'où s'échappent des coulées d'or en fusion, tandis que le chien basset Klaps se sauve en hurlant et que Muf, le macaque "à queue prenante", tenu en laisse par le docteur, est pris de terreur (scène pp. 166-167). Au second plat, vign ette dorée, Philomène Lanfry, cuisinière du docteur, chevauche le "rinoféroce" Papillon (scène des pp. 215-230, et vignette de la page de titre), dos à l'or, portrait du docteur avec un fusil, coiffé de Muf en laisse assis sur son casque et tenant un parap luie (scène pp. 155-158), tr. dorées (Gillot, graveur), (8)-308 pp. ¦Édition originale illustrée de 92 compositions de l'auteur, dont un frontispice et 19 pleine page. Paul Cousturier (1855-1915), sous le pseudonyme de Paul de Sémant, illustre Théodor e Cahu (Jeanne d'Arc, Du Guesclin, Bayard, Jouvet, 1895-1897, coll. Les Héros de France, PH 9/170), le capitaine Danrit (La Guerre de demain, 1896 ; Histoire d'une famille de soldats, 1898-1900), le lieutenant Burkard (Le 4e Zouave et Zouave s de la garde, 1897, PH 21/397). Il se lance dans la rédaction de romans d'aventures humoristiques illustrés par lui-même, avec Merveilleuses aventures de Dache, perruquier des Zouaves (Flammarion, 1899), plusieurs fois réédité (PH 15/300). "Excellant naturellement dans le dessin humoristique, il n'est pas étonnant qu'il ait composé [...] plusieurs aventures aussi trépidantes que joyeuses, à la limite de la parodie vernienne, telles Le Lac d'or du docteur Sarbacane (1900), Gaëtan Faradel explorateur malgré lui (1902, PH 16/320) et sa suite Gaëtan Faradel champion du tour du monde (1903)" dit Marc Madouraud (Le Rocambole n° 32, pp. 102 et 105). Avec cette série, Sémant se pose aussi en "rival" de Paul d'Ivoi, grand romancier d'aventures qui, depu is 1894, était considéré comme un continuateur de Julles Verne, avec ses Voyages excentriques qui apportaient davantage de fantaisie et d'inventivité dans le roman d'aventures, et surtout un luxe nouveau dans la présentation, avec de remarquables plats h istoriés (PH 12/237) à faire pâlir les plaques de série verniennes. Or, Sémant constitue une double surenchère par rapport à Paul d'Ivoi : suranchère dans le comique et les aventures délirantes (ce sont des sortes de Voyages extravagants), et un luxe enc ore plus remarquable dans le plat historié, présenté dans un format notablement élargi. On peut y voir une volonté de Flammarion de rivaliser avec les éditeurs de Verne et d'Ivoi, en donnant une compagnie fantaisiste aux romans militaires plus sérieux et d ramatiques de Danrit, figurant déjà au catalogue. A la fois auteur et artiste humoriste, Sémant paraît l'interprète idéal pour ce rôle. Désormais, les moyens techniques permettent de réaliser des plaques complexes et somptueuses, associant les effets de l a poychromie à ceux de la dorure. Roulant sur le thème de l'or, du volcan d'or, ce livre est un exemple impressionnant, et totalement réussi, de cette stratégie : l'or coule à flots sur la couverture, il en jaillit littéralement, dans un rêve plus grandi ose encore que celui de l'Eldorado. Que l'on juge de la stupéfaction des héros face à ce spectacle inouï ! Les héros représentent la note comique constamment dominante du récit, en particulier le sympathique et excentrique Sarbacane ("membre actif, coopér ant, correspondant, participant ou honoraire de cinq cent vingt-deux sociétés savantes; françaises et étrangères !... Pas une de moins !!!!"), accompagné de ses turbulents animaux de compagnie, un basset et un macaque aux réactions souvent incontrôlables . En face, l'or joue à cache-cache avec les personnages auxquels il s'offre si complaisamment. Car l'or jailli sous l'océan disparaît, aussitôt englouti, comme un rêve, pour reparaître plus loin, dans cette éruption aurifère saisie sur la couverture. Ce l ac d'or ne pourra cependant pas être accaparé par nos héros, ce serait trop beau, mais ils auront droit d'en rapporter pour quelque malheureux 300.000 francs... La morale de cette histoire ? Jules Verne en quelque sorte se venge, et écrit de son côté sa v ersion, Le Lac d'or ! (posthume, 1906). Son volcan jailli au Klondyke est aussi une métaphore de l'Eldorado insaisissable qui rend les hommes fous. Cette thématique aurifère remarquable, qui surgit dans les plats historiés en 1900 (en voir une démonstra tion et une mise en abyme dans L'Or, superbe livre d'Henri Hauser, PH 11/220), n'est elle aussi qu'une métaphore : tous ces livres sont des fragments d'un rêve d'or, inaccessible mais palpable sous la forme de rutilants cartonnages, aux impeccables goutt ières dorées, de minuscules fragments d'une richesse idéale, celle de l'enfance peut-être. Exemplaire exceptionnel.
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