TISSOT (Victor) . La Suisse inconnue .
500,00 €Prix
Paris, E. Dentu, Éditeur, [1889], gr. in-8 (28 x 20,5 cm), percaline rouge, bords biseautés. Au premier plat, polychrome et doré, composition en trois parties, bordée dun bouquet de fleurs à gauche : au centre un paysan suisse préparant le gruyère dans un grand chaudron (« Au chalet », p. 489), en bas deux vues en long (lac et château), vignette en haut dun village perché sur la montagne (p. 448). Au second plat, encadrements noirs et rosace centrale, titre doré au dos avec bouquet de fleurs doré (repris du premier plat), tr. dorées (Paul Souze, graveur, G. Hénon, relieur), (4)-506-(2) pp. ¦Édition illustré de 130 dessins par Frédéric de Haenen, dont 12 à pleine page.Première édition au format in-18, Dentu, 1888, 480 p.Il y a deux Suisse : la « Suisse des hôtels, la seule que connaissent les étrangers et même bon nombre de Suisses », et une autre Suisse, « singulièrement pittoresque », « la Suisse des campagnes et des montagnes des vieilles villes encore crénelées dormant à l'ombre des monts et des villages de chalets grimpant à leurs flancs » (Musée d'ethnographie de la ville de Genève, Bulletin annuel, 1984). « Cette Suisse-là, que quelques-uns appellent la vraie Suisse, est pour tous les étrangers et pour beaucoup de Suisses, la Suisse inconnue, celle qu'on ne voit pas ou qu'on entrevoit seulement à la dérobée par la fenêtre du wagon qui vous emporte rapide ». Cest cette Suisse-là qui intéresse surtout Victor Tissot.Né en Suisse et de nationalité suisse, le journaliste Victor Tissot (1845-1917) était tout désigné pour écrire ce livre. Il le fait en excursionniste voyageant à pied à la manière de Rodolphe Töpffer (cf. PH 30/581) et non en touriste ferroviaire, écrivant pour tout le monde et non pas seulement pour les Suisses eux-mêmes, comme le souligne la Bibliothèque universelle et Revue suisse : « Qu'est-ce que La Suisse inconnue ? Cela dépend... Pour M. Victor Tissot, ou plutôt pour les lecteurs à qui s'adresse le livre qui porte ce titre, c'est la Suisse où ne pénètrent pas les porteurs de billets Cook, ce sont les sites où l'on ne va pas en chemin de fer. Pour une foule de lecteurs, cette Suisse-là n'est pas « inconnue » du tout : l'Engadine et la Bernina, le Valais, l'Eggischhorn, Évolène, la Gruyère et le Moléson, sont autant de choses très familières. Mais se rend-on compte de la masse de gens qui ne voient de la Suisse que les villes, les chemins de fer, les bateaux à vapeur et les tables d'hôte ? C'est pour ceux-là qu'a écrit M. Tissot : il a tenu à honneur de leur révéler une Suisse meilleure, celle des glaciers, des chalets, des alpages et de l'alpinisme, celle des bonnes vieilles auberges à 5 francs par jour, la Suisse où l'on voyage encore à pied… ou à mulet, où l'on voit d'autres êtres humains que des garçons en frac. Il leur enseigne que le Piz Languard est plus élevé que la butte Montmartre, et que la tour Eiffel ne lui irait pas à la cheville. Son livre est une sorte d'ouvrage de vulgarisation très intelligemment fait. C'est pourquoi je supprimerais sans regret les premiers chapitres (sur Bâle, Lucerne, le Gothard), qui ne rentrent pas dans le sujet et ne répondent pas au titre. Prenons-les pour une entrée en matière ; mais je préfère infiniment les parties du livre où M. Tissot voyage le sac au dos, en vrai Suisse, et se laisse gagner par l'émotion de la grande nature. Ses descriptions de l'Engadine, du Valais et de la Gruyère sont remarquables par la justesse et la vivacité des couleurs, l'humour et l'agrément du style. Les légendes locales cueillies au passage, les souvenirs historiques, les scènes de mœurs, les traits pittoresques ajoutent leur saveur aux descriptions de paysage. J'ai noté de fort jolies pages sur le val d'Anniviers, sur Evolène, mais surtout sur la Gruyère, où M. Tissot est bien chez lui, quoique la gendarmerie fribourgeoise l'y ait naguère un peu drôlement tracassé... Il s'en venge par quelques traits de satire, mais si innocente ! » (Bibliothèque universelle et Revue suisse, 1888, tome 39, p. 420).Nous avons déjà signalé plusieurs livres de Victor Tissot, habitué des plats historiés, notamment ses livres de voyages sur La Hongrie (Plon, 1883, PH 11/230) et sur La Russie et les Russes (Plon, 1884, PH 6/124, rééd. 1893, PH 27/522). Il sest fait connaître par un livre sur lAllemagne, qui fut source de polémique sinon dun scandale diplomatique, Voyage au pays des milliards (1875) et le rendit célèbre, et qui fut ensuite publié en plat historié (Schulz, 1878, PH 37/696). Il sest aussi associé avec le romancier Constant Améro pour écrire des livres de voyage et une étude ethnologique, Les Contrées mystérieuses et les peuples inconnus (1884, PH 31/599).Chez Dentu, Victor Tissot avait publié auparavant Un hiver à Vienne, réédition de 1888 en plat historié dun livre paru au format in-12 en 1882 sous le titre Vienne et la vie viennoise. Un hiver à Vienne et La Suisse inconnue sont tous deux illustrés par Frédéric de Haenen, qui a également travaillé à liconographie de La Russie et les Russes.Le Larousse mensuel n°128 (octobre 1917) publie une notice biographique sur Victor Tissot, détaillant sa carrière de journaliste et de polémiste. On la complètera par la notice parue dans lEncyclopédie du canton de Fribourg de Roland Ruffieux (1977). Né à Bulle, près de Fribourg, Tissot a légué sa fortune et ses collections à sa ville natale, pour y établir un musée gruyérien, montrant sa fidélité à sa petite patrie.Peu commun en plat historié.Exemplaire magnifique.
SKU : 9501442